Début juin 2001, SFR a changé son offre sans abonnement. Le nom est passé de "entrée libre SFR" à "SFR la carte" (le changement etant épaulé par une publicité télévisée qui me donnait déjà envie de changer de réseau), et la tarification a été modifiée, avec l'adoption d'un "tarif unique".
L'argument clef de la nouvelle tarification est la simplicité, et pourtant l'ancienne n'était pas si compliquée: l'utilisateur achetait des recharges qui créditaient son compte SFR d'un certain nombre de minutes. Il y avait deux tailles de cartes (60 et 120 minutes) et sur ces minutes achetées, la moitié n'était utilisable que le soir et le week-end. SFR présentait ça comme un achat de 30 ou 60 minutes plus 30 ou 60 minutes "soir & WE" offertes, mais cela revient au même. Une limitation du système était que l'utilisateur devait consommer ses minutes dans les deux mois suivant l'achat de la carte (avec une extension possible en cas de rechargement).
En fonction des habitudes de l'utilisateur, plusieurs cas pouvaient se présenter: si il appelait plus le soir qu'en journée, il venait à bout de ses minutes "soir & WE" en premier, et finissait ensuite ses minutes normales qui servaient alors aussi bien pour le soir que la journée. Par contre, si il téléphonait plus en journée qu'en soirée, il arrivait au bout de ses minutes normales en premier et ne pouvait plus appeler qu'en soirée à moins de recharger son compte avec une nouvelle carte. Dans mon cas, je téléphonais autant en soirée qu'en journée, et tout se passait donc comme si j'avais à ma disposition 60 ou 120 minutes sans contraintes d'utilisation. La carte 120 minutes coutait 224 francs et la minute me revenait donc à 1,87 francs.
Avec la nouvelle tarification, le concept de "crédit temps" a disparu. L'utilisateur dispose maintenant d'un crédit en francs, qu'il peut recharger avec des cartes. Deux modes d'utilisation sont possibles: soit l'utilisateur opte pour le tarif unique et la minute de communication débite son crédit de 2,80 francs, soit il passe en mode "soir & WE" (aucun rapport avec les minutes homonymes, si ce n'est les horaires) et la minute lui revient à 1,50 francs le soir et week-end et 3,50 francs en journée.
Pour moi, le paramètre le plus important d'un service de téléphonie est le prix à la minute. Voici donc une étude comparée de l'ancienne tarification et des deux nouvelles.

Ce graphique montre la valeur du prix à la minute en fonction des habitudes de l'utilisateur, c'est à dire son pourcentage moyen d'appels le soir et le week-end. La colonne de gauche indique une utilisation exclusivement en journée, la colonne de droite, une utilisation en soirée et week-end seulement, et tous les cas intermediaires entre les deux. Moi, je me situe à peu près à 50.
Voila ce que l'on peut déduire de ce graphique:
- Si l'utilisateur ne fait pas la démarche de passer en tarif "soir & WE", le seul cas ou le changement de tarif lui sera bénéfique est si il utilise sont téléphone en journée les 3/4 du temps ou plus.
- Si il téléphone plus le soir et qu'il passe en mode "soir & WE", ça ne sera intéressant que si il utilise son téléphone le soir et le WE 80% du temps.
- Le tarif "soir & WE" est plus interessant que le tarif normal des que vous utilisez 2/3 du temps votre téléphone le soir.
Résultat net dans mon cas: une augmentation de 63 centimes par minute. Mais le pire dans l'histoire, c'est la manière qu'ont les companies de téléphonie de faire passer des hausses de tarifs pour des améliorations bénéfiques pour le consommateur, et c'est valable pour les autres aussi, pas juste SFR. C'est surtout cette hypocrisie qui m'a fait passer chez Bouygues, mais je ne suis pas sûr que l'herbe soit beaucoup plus verte chez les concurents. Et quand on met tout celà en perspective avec le fait que les companies de télécom locales nord-américaines vous offrent toutes les communications locales pour un abonnement à 150 francs par mois, c'est déprimant. |